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Croissance

“Maturity, the way I understand it,” he told me, “is knowing what your limitations are.”

He wasn’t far from Bokonon in defining maturity. “Maturity,” Bokonon tells us, “is a bitter disappointment for which no remedy exists, unless laughter can be said to remedy anything.”

- K. Vonnegut, Cats Cradle

Je me retrouve aux passages de rites jamais visités, à l’âge adulte que je n’ai point cherché, qui plane au dessus de ma tête avec la pesanteur de l’orage. J’observe la jeunesse autour de moi, la joie et la légèreté d’une fille sur la plage en maillot; une fille qu’auparavant j’aurais rêvé de pouvoir embrasser, se trouve maintenant encore plus inaccessible. Le frétillement du cœur à l’idée de l’aborder est remplacé par la conscience de son absence. Que la jeunesse m’ait échappé, ça veut dire quoi? Que je me sens plus vieux et mature; qu’auparavant il n’y avait pas besoin de penser à l’avenir et qu’aujourd’hui il le faut?

Un fossé s’est ouvert entre les deux, que le champ du temps est seul à traverser, l’écho des paroles de chants aiguës, les rebondissements de quelques notes d’une mélodie qui rappelle un voyage en famille. De l’autre côté du rivage je chante avec ma voix muée. Le timbre n’est plus le même, la fille ne s’intéresse plus à moi. D’ailleurs, elle fait trop gamine; c’est bien ça le malheur. Chez les femmes et les hommes la jeunesse se perd, suffoquée avec la conscience de l’avenir et des choses sérieuses... Ce gros nuage qui nous pèse si méchamment au-dessus, j’aimerais bien m’en échapper, que je le perçoive comme un rêve dont je viens de me réveiller, allongé sur mon lit avec l’esprit léger et le cœur élargi.

Lève les yeux au ciel et souris, ça te fera du bien. Pense plutôt aux atouts qu’aujourd’hui tu tiens en main - il n’est pas promu que la réflexion se borne à cet orage. C’est bien intelligent de penser qu’un raisonnement rigoureux ne peut mener qu’au néant. Et alors? Ne sommes nous pas des êtres infinis nous mêmes? N’appartenons-nous pas à cet univers qui ne cesse de nous épater. Cet univers plein de vide et vide de sens? Peu importe qu’il soit infini ou non. L’univers reste un néant qui nous engloutit physiquement tout comme la pensée aboutie nous lâche dans un vide moral. On en fait parti. L’erreur est de se penser distinct de tout ça, alors qu’on ne l’est guère. L’univers paraît comme une parfaite démonstration de notre infimité tout comme ses étoiles ne cesseront de nous émerveiller quelque soit notre âge.

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